Sommes-nous égaux face aux addictions ?
Nous l’avons tous constaté : nous ne sommes pas égaux face à nos addictions, quelles qu’elles soient. D’abord parce que notre consommation varie, notre degré d’addiction aussi mais également la manière dont nous essayons de nous en débarrasser.
Selon la drogue que nous consommons, nous avons plus ou moins de probabilités d’y devenir un peu ou très accros. Alors que nous avons 17% de chances de devenir des addicts de la cocaïne, nous avons au contraire 32% de probabilités que cela nous arrive avec le tabac (produit le plus addictif au monde).
Comment fonctionne une drogue ?
Toutes les drogues ont un point commun qui nous concerne tous : leur consommation augmente l’action de la Dopamine, un neuro-modulateur qui nous procure une sensation de désir. Produite par des neurones, cette substance est « libérée » dans plusieurs zones du cerveau et particulièrement dans celle qui déclenche en nous des sensations de plaisir et de motivation. C’est cette sensation de plaisir et de récompense qui va nous pousser à réutiliser cette drogue.
Par ailleurs, la production dopamine est régulée par plusieurs autres neuro-modulateurs. Certains ayant pour rôle d’augmenter la libération de dopamine, d’autres ayant pour rôle de la freiner. C’est le cas notamment du Glutamate.
Le glutamate freine-t-il le développement d’une addiction ?
Si le glutamate freine la libération de dopamine dans le cerveau, peut-on suspecter qu’il pourrait freiner le développement d’une addiction ? C’est ce que pense l’équipe de Salah El Mestikawy, directeur de recherche au laboratoire Neurosciences Paris-Seine-IBPS (CNRS).
Pour vérifier leur hypothèse, ils ont modifiés génétiquement des souris pour diminuer l’action du glutamate dans le cerveau (en rendant dysfonctionnelle une protéine nommée VGLUT3). Ils ont alors comparé deux groupes de souris : des souris normales et génétiquement modifiées. Elles pouvaient s’injecter de la cocaïne elles-mêmes en donnant un coup de nez dans un endroit de leur cage.
L’équipe a alors observé que les souris génétiquement modifiées (insensibles au glutamate) s’injectaient plus de drogue, rechutaient plus souvent après sevrage et que des neurones de certaines zones de leur cerveau étaient devenus plus sensibles à la dopamine. Ces souris étaient donc plus vulnérables au développement d’une addiction.
Une solution pour nos addictions ?
Il faut toutefois rester prudent puisqu’une telle expérience n’a pas encore été menée sur des humains et n’a donc pas encore démontré son efficacité dans ce domaine.
Le gène qui code la production de la protéine VGLUT3 ( identifié chez les souris génétiquement modifiées) a cependant été étudié par les chercheurs chez des toxicomanes ayant plusieurs addictions. Par rapport à des personnes non droguées, ce gène présentait 10 fois plus souvent des mutations. Des mutations de ce gène pourraient donc expliquer notre inégalité face aux addictions.
Cette information est toutefois à analyser avec précaution : le facteur génétique n’est qu’un petit facteur de risque, seuls 5% des patients avec plusieurs toxicomanies ont ce problème de mutation. Mais cela est un argument de plus pour dire qu’une addiction n’est pas liée uniquement à des facteurs psychologiques ou environnementaux, mais aussi biologiques et génétiques. Et cela ouvre également une nouvelle voie dans le traitement des addictions.
D’où l’importance de se tourner vers des spécialistes pour nous aider dans notre combat contre l’addiction :
- http://www.alcool-info-service.fr/
- http://www.tabac-info-service.fr/
- http://www.drogues-info-service.fr/
Source : https://www.pourlascience.fr/util/chutier/pourquoi-ne-devenons-nous-pas-tous-dependants-12146.php